Faire le clown

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Pause est une formation hors norme, humaine et ambitieuse qui a comme mission de développer les aptitudes créatives de la relève pour les aider à mieux naviguer dans un monde en changement continu. Henri Bertrand-Ouellette fait parti de notre première cohorte de participants. Il raconte l’expérience qu’il a vécu avec Guillaume Vermette, clown humanitaire, dans le cadre de la semaine sur le thème « jouer » .

Premier jour de notre bootcamp de clown. Guillaume Vermette nous accueille avec son énergie un peu intense et son air bienveillant. Il nous fait asseoir en cercle sur le plancher de l’une de nos pseudo salles de classe. Sa première réaction est candide: « Wow, plein d’humains! ». Le clown humanitaire nous regarde avec ses yeux tellement allumés que ça nous donne juste envie de savoir c’est quoi son secret.

Son secret, c’est que Guillaume vit pour et par son Why.

Un why plus grand que soi

Le Why, c’est l’ingrédient clé duquel on nous parle depuis notre arrivée à la Factry. Tout le monde fait des choses. Ça, c’est le What. Ces choses là se font d’une quelconque manière. Ça, c’est le How.

Le Why, c’est sa raison d’être, avec un grand R. C’est ce qui nous pousse à faire ce qu’on fait. C’est la passion commune qui fait grandir une business, qui concrétise un projet innovant… ou qui te pousse à ouvrir une école des sciences de la créativité!

Le Why de Guillaume, c’est d’être en mesure d’atténuer la souffrance humaine. Il nous raconte des histoires de camps de réfugiés, de réserves dans le Nord, d’orphelinats-prisons en Russie. En gros, des histoires de monde qui ont besoin d’un rire franc.

Pas d’un rire intellectuel, réfléchi, mais d’un rire de clown.

Son Why est tellement fort que Guillaume vit comme bénévole à temps plein. Ses missions humanitaires comme ses conférences sont sur le modèle « pay what you feel ». Même pour le cours qu’il est en train de nous donner. Quand la Factry a voulu discuter d’un cachet avec lui, il leur a simplement répondu « ça, c’est votre problème». Il ne veut pas en entendre parler. On le regarde tous et toutes avec un genre d’incrédulité mélangée à de l’admiration.

Évidemment, la question finit par sortir. « Non mais genre, comment tu fais pour vivre? »

La réponse est troublante de simplicité. Guillaume est suivi par toute une communauté de personnes qui admirent son travail et qui l’aident, comme elles peuvent, à continuer de faire ce qu’il fait. Transport, logis, repas; et c’est tout ce dont il a besoin.

Pour devenir clown, il faut connecter avec son dark side

Faire le clown, c’est une sorte d’état méditatif axé sur la joie. Le clown ne fait pas de gags. Il ne réfléchit pas. Le clown n’essaie pas de faire rire. Il ne fait qu’être drôle.  Parce que oui, en fait, ton clown n’est pas un personnage. Ton clown, c’est toi, mais en clown.

Wait, what? Oui.

Pour résumer, on demande à une gang de jeunes overachievers perfectionnistes, dont la moitié est en majeure crise existentielle, d’être là. D’être eux-mêmes. D’être bien présents. De ne pas réfléchir à ce qu’ils font.

On a fini par le faire. Pis on a été bon. Ça a été comme des vacances intellectuelles. Un moment où la seule chose que t’as à faire, c’est d’être toi. Puis d’être joyeux.

Notre prof de clown nous explique qu’en fait, ton clown, c’est une caricature. Une caricature de toi, par toi. L’idée, c’est de prendre les parties de ton être que t’aimes le moins, que tu veux le moins que le monde voie ; tu prends cette partie-là et puis tu te roules dedans. Tu t’habilles comme elle, puis tu te slap un sourire dans face. Simple de même, mais pas tant que ça.

Ce n’est pas toi qui choisis ton clown. Un clown, ça ne se construit pas, ça se trouve. Concrètement, Guillaume nous a demandé de faire quelque chose de très simple. Marcher en aller-retour devant les 24 regards bienveillants et amusés des participants de Pause. Puis, d’accepter qu’un maître-clown te lise comme un livre ouvert. Qu’il remarque haut et fort les aspects de toi que tu croyais être capable de cacher: ce que tu dégages, ce à quoi tu aspires, ce que tu cherches à être, ce dont tu as le plus peur.

Dans le fond, faire le clown c’est se rendre vulnérable

C’est une expérience qui peut être suffocante ; elle l’a été pour plusieurs d’entre nous. Mais l’atmosphère réellement unique qui s’est formée dans les dernières semaines parmi les Pausien.ne.s fait qu’on se regarde tous suffoquer. Les uns après les autres. Devant tout le monde. On se sent vulnérable, vrai, humain. On se laisse suffoquer, en se disant qu’à quelque part, ça nous fait grandir.

Cette semaine-là, le thème c’était « jouer ». Pourtant, on a tous et toutes conclu la semaine en se disant que c’était celle qui avait été la plus challengeante émotionnellement. Ça s’est terminé sur des larmes, de l’amour et du support. On pourrait se demander en quoi tout ça fait partie d’une démarche d’apprentissage de la créativité. On pourrait aussi se faire répondre que la créativité, ça demande un profond laisser-aller, un réel amour de soi, et une sincère compréhension de l’autre.

 

Crédit photoClovis Henrard, participant de Pause

Henri Bertrand-Ouellette

Communicateur et finissant de la première cohorte de Pause

Henri ne fait rien comme les autres. Lorsqu’il a une idée en tête, il la pousse au maximum! Il ne voit pas d’obstacle, seulement des occasions ! Combinez à cela son sens des affaires et sa capacité de persuasion, et vous avez un créatif qui n’a pas peur d’innover!