Le Groupe des Trente : pour le bien commun

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Au cours de la dernière année, la Factry a conçu un atelier pour Concertation Montréal (CMTL), afin que les citoyens issus de la diversité ethnoculturelle se sentent mieux outillés pour contribuer à l’essor socioéconomique de la métropole.

Connecter les élus avec les leaders socioéconomiques pour servir d’incubateur à la participation citoyenne: c’est l’ambitieux projet de CMTL, qui a choisi de placer ses énergies là où la société montréalaise en a le plus besoin, c’est-à-dire auprès des femmes, des jeunes et des personnes issues de la diversité. Ses actions, qui s’étendent de plus en plus sur l’ensemble du territoire québécois, visent une plus grande représentativité de ces groupes au sein des lieux décisionnels que sont les conseils d’administration (CA).

Devenir un mentor

2017 aura été une année pilote pour tester quelques stratégies afin d’aider une première cohorte de 30 néo-Montréalais à se tailler une place de choix sur les CA dans divers secteurs d’activités et inspirer d’autres concitoyens à le faire.

«Le Groupe des Trente est un programme d’engagement d’un an, destiné aux personnes issues de la diversité ethnoculturelle, qui leur permet de partager leur expérience au sein de CA, de manière à influencer d’autres gens, qui ne seraient pas familiers avec la gouvernance et qui aimeraient faire entendre leur voix», explique Virginie-Sankara Cantin-Diarra, en charge du Groupe des Trente à CMTL.

Cette initiative inclusive et inspirante pose un seul préalable: posséder une expérience de gouvernance et désirer exercer son leadership pour le bien commun.

«Ce sont des modèles qui sont prêts à redonner au suivant, résume Virginie-Sankara Cantin-Diarra. Nous les amenons à développer leurs compétences de mentor, leur intelligence collective, dans le respect de leur personnalité et de leurs forces.»

Car si certains sont extravertis, à l’aise avec la prise de parole en public, d’autres lui préfèrent l’échange individuel. Les activités prévues chaque année sont donc adaptées aux préférences des membres du groupe. Autrement dit: ce ne sont pas les participants qui s’adaptent au programme, mais le programme qui s’adapte aux participants.

Apprendre à se connaitre

Cette année, CMTL a sollicité la Factry pour créer un atelier visant à aider le groupe à tisser des liens. En mars dernier, quand les membres de la cohorte 2022 se sont rassemblés pour la première fois, ils ne se connaissaient pas. L’objectif de Karim Aktouf, formateur à la Factry, et de Natasha Thomas, facilitatrice: les amener à développer des relations constructives grâce à une série d’ateliers.

À en croire la carte du globe sur laquelle chacun a désigné les pays où il avait déjà mis les pieds, c’est sorti comme une évidence: à eux tous, ils avaient fait le tour du monde! Leur premier point commun? Une floraison d’expériences géographiques. Et une passion: «On a constaté que ces gens avaient des expertises ultra différentes, chacun dans leur domaine, mais qu’ils étaient liés par un même but: la gouvernance représentative», explique Virginie-Sankara Cantin-Diarra.

Un autre exercice proposé a permis au groupe d’éclairer les forces et les faiblesses de chacun à l’égard du travail d’équipe. Car l’écoute qu’on porte à l’opinion de l’autre est aussi l’un des ingrédients de la collaboration créative.

Sous des apparences parfois toutes simples, les ateliers de la Factry permettent d’employer la force du jeu pour faire baisser les barrières et arriver rapidement à une profondeur dans les discussions. «À travers cet exercice qui consistait à réaliser en sous-groupes un avion de papier, les participants ont pris conscience de leur personnalité et de leur mode d’interaction dans le groupe», explique Natasha Thomas. C’est un premier pas pour évoluer et pour bonifier sa relation aux autres.» Et pour servir de modèle.

Dessine-moi une superhéroïne!

Avec cet autre atelier surprenant, adapté à la réalité du groupe, les participants ont été invités à décrire les qualités d’une superhéroïne imaginaire. L’idée des animateurs consistait à faire émerger les forces de cohésion au sein de la cohorte: rapidité, esprit critique, ouverture, audace, polyvalence, etc. Les membres du groupe ont ainsi imaginé une méta-superhéroïne, Atta Girl Thémis, une réplique moderne de la déesse grecque qui carbure à l’éloquence, au non-conformisme, à l’écoute active et à la diplomatie: «Le fruit de ce travail commun est une courtepointe des forces et des valeurs que le groupe a besoin de générer pour siéger sur un conseil d’administration», résume Natasha Thomas.

Avec son pantalon caméléon, signe de sa grande adaptabilité, et son handicap, reflet de son appartenance à une société qui prône la diversité et l’inclusion, elle est l’incarnation des valeurs d’une parfaite administratrice de CA.

En route vers l’avenir

«Le Groupe des Trente 2022 a vraiment apprécié l’attitude et la sensibilité des formateurs, Karim et Natasha, eux-mêmes issus de la diversité ethnoculturelle, souligne Virginie-Sankara Cantin-Diarra. Ils ont su s’adapter à leur auditoire et favoriser la créativité et le leadership des participants».

Une observation reprise en écho par Ngui-Mekem Kenfack, l’une des participantes, qui siège sur deux CA en plus d’occuper un poste de cheffe de projet sénior.

«Même si les participants avaient tous des profils incroyables, ils se questionnaient sur leurs capacités et sur leur valeur sur le marché du travail, explique la jeune femme, installée au Québec depuis une dizaine d’années. Les entendre exprimer leurs doutes m’a fait m’interroger sur moi-même et sur mon propre épanouissement. Même si la formation a été relativement courte, elle continue de m’inspirer. Elle m’a permis de réfléchir à quelle professionnelle je veux être et à ce que je veux projeter.»

D’autres collaborations sont à prévoir entre le CMTL et la Factry, durant cette année qui, à n’en pas douter, sera riche en expériences. En attendant, les membres de la cohorte 2022 sont invités à développer des idées et des initiatives pour servir d’inspiration et pour contribuer à bâtir une société plurielle et plus inclusive.

Nathalie Schneider

Nathalie Schneider est journaliste spécialisée dans le plein air et le tourisme d’aventure et compte à son actif un très grand nombre de reportages de terrain. Elle est chroniqueuse plein air notamment au Devoir et occasionnellement à la radio de Radio-Canada. Elle s’intéresse également à des sujets reliés à la société, à l’art et à l’environnement.