REPAR : Définir une vision et des orientations stratégiques claires

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L’entreprise cliente

Le Réseau provincial de recherche en adaptation-réadaptation (REPAR) rassemble les forces vives de la recherche, des milieux cliniques et de la société au sein d’initiatives novatrices et porteuses visant à favoriser l’inclusion et la participation des personnes vivant avec des incapacités.

L’enjeu

Le bailleur de fonds du REPAR, le Fonds de recherche du Québec—Santé (FRQS), revoit en profondeur son programme de réseaux de recherche thématiques: il réduira considérablement le nombre d’organismes qui recevront du financement à compter de 2024. Sur une quarantaine de réseaux en lice pour obtenir des fonds publics, une quinzaine seulement seront retenus, de sorte que l’existence même du REPAR est en jeu.

Afin de susciter l’innovation, le FRQS a révisé les critères d’attribution. «On nous demande d’être audacieux, d’aller au-delà de ce qui a été fait jusqu’ici», confirme Valérie Poulin, directrice du comité scientifique du REPAR.

Pour la première fois, les soumissionnaires devront tenter de convaincre non seulement leurs pairs du milieu scientifique, mais également certain·e·s acteur·trice·s du monde politique, qui détermineront si leurs activités correspondent aux priorités du gouvernement.

Le réseau a donc besoin de sortir de l’ornière, de rompre la routine. «On a besoin d’aide pour sortir de nos façons de penser habituelles, très “scientifiques”, et pour les faire éclater», résume Carole Miéville, coordonnatrice scientifique.

Sur la recommandation d’un contact, l’équipe dirigée par le directeur scientifique François Routhier se tourne vers la Factry afin de préparer cette demande de financement déterminante pour son avenir.

La proposition

Aux yeux de la Factry, l’enjeu est clair: il faut amener le REPAR à réfléchir à cette demande de subvention comme s’il s’agissait d’un pitch de vente. «On a pensé la proposition en s’inspirant de ce qu’on fait quand on doit amener des clients à bâtir une stratégie marketing—quels sont les enjeux qui préoccupent le REPAR, à qui s’adresse-t-il, et comment va-t-on articuler les messages pour que ce soit vraiment percutant, que ça parle à la tête, mais aussi au cœur des dirigeants», détaille Élise Bérard, maitre d’atelier à la Factry.

Après plusieurs rencontres préparatoires servant à peaufiner les objectifs des ateliers, le REPAR convient de passer une journée complète et deux demi-journées dans les bureaux de la Factry afin d’entreprendre un travail de fond autour de la demande de subvention.

Objectif: arriver au bout du processus avec des orientations claires à faire valoir.

Le travail

Dans un premier temps, 24 chercheur·euse·s issu·e·s des divers secteurs (technologique, anthropologique, kinésiologique…) reliés à l’adaptation-réadaptation participent à une journée de réflexion, qui se veut un retour aux sources: il faut redéfinir une vision commune de la raison d’être du REPAR.

«Pour savoir où on veut aller, il faut savoir d’où on vient, et ce qui nous anime profondément», résume la facilitatrice, Élise Bérard. Déjà, l’équipe du réseau constate à quel point cet exercice était nécessaire.

«Le REPAR réunit des scientifiques qui œuvrent dans des domaines très hétérogènes, expose François Routhier. Au début de la journée, chacun avait en quelque sorte sa propre définition de la raison d’être du REPAR, et elle était très reliée au secteur de chacun.»

Malgré les quelques appréhensions du noyau de l’équipe quant au niveau de participation des invité·e·s (il s’agissait après tout d’une première pour tout le monde), la chimie opère.

«Nous, les scientifiques, on travaille avec des protocoles, et on a parfois de la misère à en sortir, illustre François Routhier. Mais c’est comme si la Factry nous avait donné un nouveau protocole. Dès le début, deux chercheurs ont dit: “On n’a pas le choix, ce sont les nouvelles règles avec lesquelles on doit composer, soit on s’ouvre, soit on meurt.”»

Pour briser la glace, tout le monde est d’abord invité à dessiner un animal, après quoi les participant·e·s doivent sélectionner le plus beau. Cet exercice en apparence banal donne le ton.

«Dès le départ, le cadre mis en place par la Factry crée une ambiance où on se permet de dire nos idées, raconte la coordonnatrice scientifique, Carole Miéville. Moi-même, j’ai tendance à m’autocensurer quand je suis en présence des chercheurs—je me sens toujours comme si j’en connaissais moins qu’eux. Mais le contexte m’a permis de toucher à une forme de liberté d’expression.»

Après les premières activités, l’équipe parvient donc à un certain consensus quant au positionnement du REPAR. «Le fait que chacun ait pu entendre la raison d’être telle que perçue par les autres a créé l’ouverture dont on avait besoin pour rassembler», estime Carole Miéville.

À partir de là, l’atelier est conçu pour permettre au REPAR de récolter un maximum d’idées quant aux besoins non comblés auxquels il pourrait s’attaquer, et aux priorités de recherche et aux autres activités qui pourraient soutenir ses membres.

Au bout de cette première journée, le réseau dispose donc de dizaines de pistes de projets potentiellement utiles à sa communauté. Reste à en tester la pertinence auprès des partenaires sur le terrain (organismes de services, personnes vivant avec des incapacités…).

Quelques semaines plus tard, à l’initiative de la Factry, une dizaine de partenaires sont invité·e·s à participer au deuxième atelier, afin de réagir aux idées générées lors de la première journée.

«La deuxième journée nous a vraiment permis de valider à quels besoins on doit répondre, souligne Valérie Poulin. La réaction des gens à nos propositions nous donnait des pistes importantes pour orienter nos axes d’intervention. Ça nous a beaucoup aidé à prioriser.»

Si les partenaires du REPAR travaillent aux côtés du réseau depuis ses débuts, c’est la première fois que leur participation était sollicitée aussi directement dans l’établissement des priorités.

«Il faut absolument le refaire! Il faut inclure ce genre de consultation dans nos principes de gouvernance pour que ce soit un processus continu», insiste François Routhier.

Après cet atelier décisif, l’équipe du REPAR se réunit une dernière fois en petit groupe pour une autre demi-journée servant à affiner davantage le positionnement du réseau et le plan stratégique en vue de la rédaction et du dépôt de la demande de subvention.

«Je suis très admirative de la capacité du réseau à rassembler son monde, souligne Élise Bérard. Les gens ont répondu présent, on a eu des discussions très riches, on a ri… C’est toujours tellement inspirant de travailler avec du monde investi dans une cause qui sert à améliorer notre société.»

Le résultat

«On a sélectionné les pommes qui iront dans la tarte, la pâte est prête, le four est chaud: il nous reste à assembler les ingrédients et à ajouter un peu de jaune d’œuf pour que la dorure rende ça encore plus alléchant», illustrait la directrice du comité scientifique, Valérie Poulin, après le dernier atelier, fin avril.

La demande de financement a été envoyée au FRQS à la fin du mois de juin. Le REPAR ne saura pas si sa candidature a été retenue avant l’hiver 2024.

Dans tous les cas, le parcours du REPAR à la Factry lui aura permis de faire converger toutes ses têtes pensantes dans une direction commune et de clarifier comment son rôle pouvait être encore plus complémentaire à celui de ses membres.

«On a des mots et des objectifs sur lesquels on s’entend, se réjouit François Routhier. Si on avait fait cette démarche en vase clos, il y aurait probablement eu du mécontentement dans le réseau, parce qu’on nous demande de changer ce qu’on a toujours fait.»

Nous utilisons l’orthographe rectifiée.

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