Et si la loi de la jungle était en fait la loi de la collaboration bien plus que celle de la compétition? L’observation judicieuse de la nature nous montre que c’est en effet la coopération qui rend la nature si résiliente et productive à sa manière.
L’association symbiotique entre certains champignons et les racines des plantes, appelée «mycorhize», est un des meilleurs exemples de collaboration dans les écosystèmes naturels. Le champignon partenaire permet aux plantes de tirer les nutriments dont elles ont besoin sur un territoire 10 000 fois plus vaste que celui que couvrent leurs seules racines. En échange, les plantes lui fournissent divers sucres et substances issues de la photosynthèse.
Les fins filaments du champignon sont capables d’explorer un grand volume de sol, d’extraire les minéraux directement des roches et de connecter plusieurs plantes entre elles, rehaussant la capacité de ces dernières à trouver de l’eau et des nutriments, et permettant un partage de ressources entre divers types de végétaux.
Cette relation mutuellement bénéfique est à l’origine de la colonisation accélérée des terres émergées, il y a environ 400 millions d’années: sans elle, la planète serait bien différente, et probablement moins accueillante. Le partage des ressources et la mise en commun des forces de chacune des parties de cette collaboration sont la fondation de la vie sur Terre telle qu’on la connait aujourd’hui.
La nature est à la fois la plus inspirante des salles de classe et la plus compétente des enseignantes. Elle nous offre le résultat de plus de 3,5 milliards d’années de recherche et développement. La collaboration est un principe fondamental de la diversité, de la complexité et de la résilience des écosystèmes.
Comment peut-on créativement mettre à profit cet apprentissage dans nos entreprises et nos organismes?
La compétition a trop longtemps été la principale motivation pour innover, et cela nous a mené·e·s collectivement au bord de l’effondrement. La transition d’une culture de l’extraction et du gaspillage vers une culture de la régénération et de la coopération est devenue urgente.
Pourquoi ne pas s’inspirer de la nature pour faire évoluer nos entreprises vers des écosystèmes de collaborations mutuellement bénéfiques, par exemple en développant des économies circulaires partout où c’est possible? Pourquoi ne pas accorder plus d’importance à la conception d’équipes où les talents spécifiques et diversifiés de chaque membre sont valorisés et mis à contribution, et où la collaboration est au cœur du travail quotidien?
Il est temps de prendre davantage en compte le bienêtre des communautés et des employé·e·s qui nous permettent de prospérer en faisant de la collaboration gagnant-gagnant le pilier de nos activités. Il est temps de réaliser tout le potentiel du modèle que nous offre la nature pour concevoir un monde plus juste et plus sain. Soyons créatif·ive·s, et collaborons sans réserve.
