Programme Pause: jeunes créatif·ive·s cherchent expérience transformatrice

ArticleImpact social

Ce mois-ci, la cliente n’est pas une entreprise, mais bien une cohorte de jeunes adultes de 27 ans ou moins qui souhaitent (re)définir leur place sur le marché du travail.

L’enjeu

Le parcours des jeunes est jalonné de décisions majeures qui ont un impact important sur leur vie. Or, entrer dans un marché du travail en transformation peut susciter certaines remises en question, faire naitre un besoin de parachever sa formation en dehors du parcours académique, ou simplement éveiller un désir de mieux se connaitre.

«Ça faisait quelques mois que j’avais terminé l’école, et je me sentais épuisée par les difficultés que j’avais éprouvées à terminer mon DEC en graphisme, et par la charge mentale liée à la pandémie», se souvient Jasmine Del Carmen Gariépy.

Pigiste dans le domaine des expériences technologiques interactives, Raphaël Huöt a quant à lui traversé un creux au retour d’un voyage, en 2022. «Je sentais que j’avais besoin de changement dans ma vie… J’avais besoin d’une pause pour me ressourcer et prendre des décisions plus éclairées face à ma profession.»

Dans le tourbillon du grand démarrage de leur carrière, certain·e·s choisissent donc de prendre un temps d’arrêt afin d’ajuster le tir. C’est là que La Factry intervient.

La proposition

Offert depuis 2019, le programme de formation Pause de La Factry permet à des cohortes de 25 jeunes de développer des compétences complémentaires à celles qui sont enseignées dans le cursus traditionnel des collègues et des universités, tout en prenant le temps de se découvrir. Pendant 12 semaines, chaque cohorte de «Pausien·ne·s» participe à des ateliers en tous genres les forçant à se remettre en question, à mettre la main à la pâte et à parfaire leurs aptitudes en créativité, en adaptabilité, en pensée critique, en résolution de problèmes et en communication.

Au bout du parcours théorique, les participant·e·s effectuent un stage de quatre mois en entreprise.

Charlie Bilodeau, lui-même issu de la deuxième cohorte, est aujourd’hui gestionnaire et producteur du programme de La Factry. «C’est une formation en aptitudes créatives, oui, mais ça se veut aussi un accélérateur pour accéder au marché du travail. Il s’agit de permettre à chaque personne de s’aligner sur son X et d’ouvrir le champ des possibles quant à la manière dont sa créativité peut servir sur le marché du travail.»

Virginie Ledoux suit la formation depuis la fin du mois de janvier dernier. Elle a décidé de s’inscrire alors qu’elle amorçait une transition entre sa pratique en naturopathie et une carrière en arts visuels et direction artistique. «Ayant un parcours atypique et une grande soif d’apprendre et de créer, je me suis tout de suite reconnue dans la description du profil Pausien.»

Avec ses collègues de la sixième cohorte, elle a bien entamé le parcours qui pourrait changer sa trajectoire.

Le travail

Le programme Pause s’articule autour de trois grands pôles visant à consolider les apprentissages que font les jeunes à travers les nombreux ateliers conçus pour développer les différents ingrédients de la créativité.

Il y a d’abord la conception du portfolio créatif, un projet personnel bonifié au fil des 12 semaines, qui permet aux jeunes de mieux comprendre leur personnalité, leurs forces et leurs faiblesses, ce qui les fait vibrer…

«Pause, ça remet les morceaux du casse-tête ensemble: parfois, on a l’impression qu’on sait ce qu’on veut, qu’on connait nos compétences, etc., mais on se sent comme si tous les morceaux étaient éparpillés sur la table, illustre Charlie Bilodeau. Le programme permet de saisir plus clairement qui on est et ce qu’on cherche. Il permet de voir que certaines compétences qu’on pensait réservées à un secteur en particulier s’appliquent en fait de manière transversale dans nos vies.»

Le pôle central du programme est cependant le projet intégrateur, au sein duquel les Pausien·ne·s sont appelé·e·s à concevoir en équipe une solution concrète à un mandat imposé. Cette année, le projet auquel doivent s’attaquer les participant·e·s est particulièrement complexe. Le géant en construction Pomerleau sollicite les esprits créatifs des pausiens·nes afin de nourrir et d’améliorer ses façons d’aborder des projets à impact social.

Le projet intégrateur est l’occasion pour les participant·e·s de mettre en application la méthode du design thinking et ses différentes phases (empathie, définition, idéation, prototypage et tests). «Il s’agit d’apprendre à réfléchir en mettant l’usager au centre de tout, rappelle Charlie Bilodeau. L’objectif, c’est qu’à la suite de ça, ils aient les outils pour expérimenter la méthode au travers d’autres projets.»

Au terme des 12 semaines, il sera temps de commencer la troisième et dernière partie du parcours: le stage en entreprise. «L’assise du programme, c’est que la créativité n’est pas propre au milieu artistique ou aux arts: elle se déploie dans tous secteurs, dans tous les postes. En ce sens-là, l’idée est de trouver des offres de stage intéressantes au sein d’entités innovantes qui peuvent permettre à la relève de grandir et de se développer», résume Charlie Bilodeau.

Issue de la cinquième cohorte, Jasmine Del Carmen Gariépy complète actuellement son stage comme graphiste au sein de l’atelier de design social Ohisse, spécialisé dans les projets favorisant le vivre-ensemble. «Ça se passe très bien! J’ai de la chance de m’être retrouvée dans une équipe sympathique qui fait un travail que j’admire énormément, dit-elle. Pause m’a appris à explorer davantage ce qui m’est inconnu. L’univers d’Ohisse est issu d’une approche du design différente de celle qui m’était familière et, chaque jour, je pratique ma capacité d’écoute et d’observation pour comprendre l’approche de mes collègues.»

En accueillant une stagiaire Pause, Samuel Rancourt, designer associé chez Ohisse et responsable du stage de Jasmine, souhaitait bénéficier d’un point de vue extérieur. «Dans notre pratique, nous cherchons toujours à comprendre, dans la subtilité, la dimension sociale des projets afin d’obtenir le plus fort impact possible. Accueillir une stagiaire nous permet d’approfondir certains axes de développement et de faire encore plus d’exploration créative.»

«Jasmine a une belle approche humaine qui transparait autant dans ses
propositions graphiques que dans son lien avec les clients, estime-t-il. Elle navigue avec aisance dans les phases plus conceptuelles et itératives de l’entreprise, ce qui nourrit agréablement notre R et D.»

Les étudiant·e·s de la sixième cohorte de Pause commencent doucement à réfléchir à cette étape majeure de leur parcours. «Mon critère principal sera de pouvoir exercer ma liberté créative au sein de mon stage, lance Virginie Ledoux. C’est important pour moi de me sentir inspirée et d’avoir du plaisir dans ce que je fais.»

«Je m’attends à plus qu’une job de bureau, lance Raphaël Huöt. Je veux comprendre la culture de l’entreprise, ses valeurs… Je veux être là pour apprendre.»

Le résultat

Les participant·e·s repartent immanquablement avec un coffre à outils bien garni.

«Je me sens souvent gênée d’être une jeune professionnelle et de ne pas savoir comment certaines choses fonctionnent, admet Jasmine Del Carmen Gariépy. Mais Pause m’a confirmé que je ne suis pas la seule à me sentir comme ça: l’apprentissage est constant, peu importe le nombre d’années d’expérience qu’on a. Ça rend le tout un peu moins intimidant, et ça m’encourage à faire face aux défis avec plus de confiance.»

Charlie Bilodeau a pour sa part réussi sa transition à la fin de sa carrière d’athlète olympique en patinage artistique. «On met souvent nos compétences dans un cadre, en fonction du rôle qu’on pouvait occuper par le passé, mais ce qu’on apprend dans un certain secteur, ça s’applique à toutes les sauces dans une vie.»

Au moment où ces lignes sont écrites, Virginie Ledoux ne fait que commencer l’aventure Pause, mais elle peut déjà déceler de grands changements en elle. «À ma grande surprise, je constate que plusieurs de mes forces étaient en dormance, et que le programme a pu les réveiller.»

Même chose pour Raphaël Huöt. «Rencontrer autant de gens d’un coup m’a définitivement sorti de ma zone de confort, et j’ai été surpris de voir à quel point les différents exercices de La Factry m’ont donné confiance en mes capacités sociales.»

Les milieux de stage profitent quant à eux d’une main-d’œuvre mieux outillée pour faire face aux défis d’aujourd’hui. En faisant leur bilan de l’aventure, ils notent par exemple que «l’entreprise a bénéficié d’un nouveau regard, et cela n’a pas de prix», ou que «l’accueil d’un stagiaire à l’esprit scientifique dans une entreprise culturelle a créé de la surprise, de l’innovation, et toute la beauté de l’imprévu».

Au fil des cohortes, en moyenne 54% des stages ont donné lieu à des offres d’emploi.

Pause 6

La cohorte de Pause 6

 

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Factry

L'équipe de la Factry

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