Rencontre inattendue : le aXLab au sein de l’École des sciences de la créativité

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Fidèle à sa vocation de placer l’innovation au cœur de l’entreprise, Pomerleau a créé le aXLab au sein du campus Factry en été 2021. L’objectif : encourager les employés à faire les choses autrement et bâtir les chantiers du futur dans une approche créative, humaine et interconnectée. Entrevue croisée avec Carolyne Filion, directrice Innovation chez Pomerleau, et Hélène Godin, cheffe de la création à la Factry.

D’où est partie l’idée d’un laboratoire d’innovation signé Pomerleau en collaboration avec la Factry?

Carolyne Filion : On voulait créer un laboratoire de recherche et développement mais d’un genre nouveau. C’est pourquoi nous l’avons implanté hors des murs de nos bureaux, au cœur du Quartier de l’innovation, dans un espace sans frontières qui facilite l’exercice créatif. Cet espace collaboratif nous permet de tester, piloter et innover dans des technologies de pointe au service de l’humain. Nous travaillons ensemble dans un esprit d’ouverture, prêt à accueillir le changement. Le département de la vice-présidence exécutive de Pomerleau était déjà en pourparler avec la Factry; ce mariage s’est fait très naturellement avec l’équipe de cette école des sciences de la créativité.

Hélène Godin : Quand on a parti la Factry, on voulait rassembler des cerveaux différents et établir une posture créative qui permette d’élaborer une nouvelle manière de voir et de penser. On voulait créer un choc d’idées et de cultures autour de métiers créatifs : le design, l’architecture, les arts… Cette collaboration avec Pomerleau est l’accomplissement d’un rêve qui était là chez nous, dès le départ. Nous sommes inspirés par le Building 20, ce laboratoire de recherche sur la radiation, qui a été construit temporairement en 1943 sur le campus du Massachusetts Institute of Technology. En brisant les silos, ce laboratoire a engendré un brassage spontané de cerveaux. L’histoire veut que neuf prix Nobel seraient passés par cet incubateur magique. 

Comment allez-vous propulser l’innovation au sein de l’industrie de la construction jugée plutôt «conservatrice?»

F. : Le milieu de la construction a longtemps été un secteur traditionnel et conservateur  mais, aujourd’hui, les chantiers de construction constituent un immense terreau d’opportunités innovantes, prêt à de profonds changements, notamment avec le virage numérique. Le aXLab comprend huit postes de travail fixes et un espace collaboratif où se rencontrent, selon les projets, des experts œuvrant en intelligence artificielle, en géomatique, en robotique, en réalité virtuelle, en internet des objets, en GIS [Geographic Information Systems]. Tous ces professionnels collaborent ensemble pour bâtir des bâtiments «empathiques» où les nouvelles technologies se placent au service du confort, du bien être et de la sécurité des travailleurs de la construction. Par exemple, des senseurs permettent de mesurer la température et le taux d’humidité ou de poussière présents sur un chantier.

Crédit: Myriam Baril-Tessier

G. : L’idée était de démocratiser toutes ces nouvelles technologies auprès de l’industrie de la construction, de briser les silos autour d’un message clair : on a tout à gagner à collaborer différemment, même à l’intérieur de grandes structures industrielles comme Pomerleau.

La robotisation du travail pose des questions d’ordre éthique. Doit-on la voir comme une menace face au travail humain?

F. : Cette question revient souvent. Pour nous, la machine doit être au service de l’humain, pas l’inverse. Durant un atelier avec le robot-chien Spot, qui a impliqué des Pausiens [les jeunes étudiants de la Factry], on s’est questionné sur la spécificité des compétences transversales humaines dans un monde de plus en plus mécanisé : la créativité, l’écoute, la collaboration, l’empathie, la pensée critique, l’intelligence émotionnelle. C’était très intéressant d’entendre la jeune génération sur la place que doivent prendre les robots dans nos milieux de vie. En ce sens, la conscience éthique des Pausiens a beaucoup contribué à cette réflexion, notamment sur la façon de transférer ces innovations auprès des travailleurs. Placer la machine au service des tâches répétitives et dangereuses est une nouvelle façon d’analyser la portée des compétences – transversales et mécaniques – pour utiliser la robotique comme un complément au travail humain. Les robots sont là pour aider les travailleurs plutôt que les remplacer.

G. : Se questionner : c’est ça aussi la créativité.C’est ce qui nous distingue de l’enseignement académique. Sommes-nous les alliés des robots? Quelle est la place des humains dans ce contexte mécanisé? De ces questions vont naître des gestes pour créer une nouvelle façon de développer les aptitudes professionnelles, au croisement entre compétences transversales et compétences techniques.

Crédit: Myriam Baril-Tessier

Trois mots pour résumer l’approche du aXLab?

F. : Innovation, excellence et amour : tout ce que nous faisons, nous le faisons avec passion.

G. : J’ajouterais aussi le mot «courage», le courage de se questionner, d’aller hors des sentiers battus, de soulever des sujets difficiles dans un espace bienveillant.

Nathalie Schneider

Nathalie Schneider est journaliste spécialisée dans le plein air et le tourisme d’aventure et compte à son actif un très grand nombre de reportages de terrain. Elle est chroniqueuse plein air notamment au Devoir et occasionnellement à la radio de Radio-Canada. Elle s’intéresse également à des sujets reliés à la société, à l’art et à l’environnement.